"Bank run" aux Etats-Unis : doit-on craindre le même phénomène en France ? Illustration Istock
INTERVIEW. En 48 heures, une banque américaine a fait faillite, faisant trembler l'ensemble du système financier américain. Si cet évènement paraît isolé, pourrait-il tout de même avoir des conséquences jusque dans l'Hexagone ? Eléments de réponse avec Karl Toussaint du Wast, fondateur de NetInvestissement et conseiller en gestion de patrimoine.
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Un véritable vent de panique à traversé les Etats-Unis. Outre-Atlantique,les images des interminables files d’attente devant les distributeurs de billets ont fait le tour du monde. En moins de 48 heures, la 16 e banque la plus importante des Etats-Unis, la Silicon Valley Bank (SVB), s’est effondrée.

Cette banque régionale était connue pour être celle de nombreuses startups et d’entreprises technologiques. Mais comment la situation a-t-elle pu se dégrader aussi rapidement ?

"Tout est parti d’une étincelle: une série de clients qui avaient ouïe dire qu’SVB venait de rater une augmentation de capital de ‘seulement’ 2.2 milliardsde dollars consécutivement à la cession, en urgence, quelques jours plus tôt, d’une très grande quantité de ses obligations.", explique Karl Toussaint du Wast, fondateur de NetInvestissement et conseiller en gestion de patrimoine, dans une tribune.

"Bank run" : que se passe-t-il aux Etats-Unis ?

Les clients de l’établissement ont alors été pris de panique. "Ils s'interrogent : 'Si ma banque vend autant d’obligations d’un coup et qu'elle n’est ensuite pas capable d’aller lever deux milliards sur les marchés pour équilibrer ses comptes… Ca ne présage rien de bon'", relate l’expert.

Face à cette situation, nombre d’entre eux ont considéré qu’ils n’avaient pas d’autre choix que de retirer en urgence les fonds qui se trouvaient sur leur compte. Cependant, les clients étant en grande partie des entreprises, ce ne sont pas moins de 42 milliards de dollars de retraits qui ont été demandés en quelques heures seulement.

Incapable de répondre à ces demandes, SVB s’est alors retrouvée face au cauchemar de toutes les banques, en "bank run" ou crise de liquidités. L’établissement s’est alors retrouvé en faillite.Mais cette situation pourrait-elle avoir des répercussions en France ?

Bank run : quelles conséquences cela pourrait-il entraîner en France ?

"La SVB reste malgré tout une banque régionale. Elle n’a aucun lien capitalistique, commercial ou économique avec des banques françaises ou européennes", explique Karl Toussaint du Wast auprès de Planet.

Cependant, il précise que le paramètre psychologique est très important dans le domaine de la finance. "Si je suis client d’une autre banque régionale aux Etats-Unis, avec le contexte, je pourrais me dire que si la Silicon Valley Bank a déposé le bilan, ma banque n’est peut-être pas à l'abri'". Les clients de ces banques pourraient alors être tentés de retirer leur argent pour le déposer dans une banque plus importante, plus solide, explique-t-il.

S’il n’a, pour le moment,pas lieu de s’inquiéter des répercussions sur la France, l’expert précise cependant qu’il pourrait être sage de suivre de près la situation du Crédit Suisse. Celle-ci s’est en effet effondrée en bourse mercredi 15 mars 2023, touchée par les inquiétudes planant au-dessus du secteur bancaire.Contrairement à la SVB, le Crédit Suisse est "une banque systémique qui a des interconnexions partout en Europe", précise le fondateur de NetInvestissement.

Si une situation similaire venait à se produire dans l’Hexagone, quelle garantie pourrait protéger l’épargne des Français ?

Quelle garantie protégerait les Français en cas de "bank run" ?

Aux Etats-Unis, il existe un fonds de garantie pour couvrir les dépôts des clients à hauteur de 250 000 dollars par personne.En France celui-ci s’élève à 100 000 euros. Concrètement, cela signifie que "si demain j’ai 99 000 euros de liquidités à la BNP Paribas et qu’elle fait faillite,je suis protégé et je pourrais les récupérer. Le fonds de garantie couvre les dépôts en cas de faillite de l’établissement bancaire", explique Karl Toussaint du Wast.

Cependant, il précise également qu’une telle situation est peu probable en France. En effet, contrairement aux Etats-Unis, l’Hexagone ne compte que de grosses banques et pas d’établissement régional. "Jamais la Banque Centrale Européenne ne laisserait une de ces banques déposer le bilan", conclut l’expert.