Disparition d’une famille en 1972 : l’enquête rouverte par les services judiciairesIllustrationIstock
Il y a plus de 50 ans de cela, le soir de Noël, la famille Méchinaud disparaissait sans laisser aucune trace. Depuis, aucun indice matériel n'est venu corroborer l'enquête, qui est aujourd'hui en passe d'être rouverte. Que s'est-il passé ce soir-là ? Quelles sont les pistes envisagées ? On fait le point.
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Au printemps 2022, il y a maintenant bientôt un an de cela, ouvrait à Nanterre le flambant neuf pôle "cold case" de la police judiciaire. De son nom officiel "pôle crimes sériels ou non élucidés", il compte 3 juges d’instructions se dédiant à plein temps sur ces affaires non résolues. Au total, cette instance s’est saisie de 63 affaires depuis sa création, nombre qui devrait encore croître : 2 juges d’instruction supplémentaires devraient y être affectés prochainement.

Parmi ces affaires , la plus ancienne est celle de la disparition de la famille Méchinaud, en Charente, datant de 1972. La famille en question, composée de deux parents et leurs garçons de 4 et 7 ans Eric et Bruno, ont été aperçus pour la dernière fois dans la nuit du 24 au 25 décembre 1972, comme le rapportent nos confrères de Ouest-FranceIls étaient ce soir-là de visite chez les Fontanillas, des amis de longue date résidant à Cognac. Ils seraient partis pour rentrer chez eux vers 1h du matin à bord du véhicule familial, une Simca 1 100 grenat. En théorie, seuls 3.8 km les séparaient de leur domicile. Il est cependant peu probable qu’ils y soient retournés un jour.

Disparition de la famille Méchinaud : une absence totale de traces et d’indices matériels

En effet, un triste détail de cette affaire réside dans le fait que les cadeaux de Noël destinés aux deux petits n’aient jamais été déballés. Cette disparition vieille de plus de 50 ans constitue un défi particulièrement tenace pour les enquêteurs qui se pencheront de nouveau dessus : en effet, pas un seul indice ni trace n’a été découvert depuis cette fameuse nuit de Noël. Aucun effet personnel, aucune trace de la voiture, ni de ses passagers, encore moins de potentiels cadavres ou ossements n’a fait surface en 50 ans.

Les services de justice pensent pouvoir apporter aujourd’hui une plus-value à l’enquête, même sans disposer d’aucun élément matériel auquel se raccrocher. Il est d’autant plus important d’agir vite : seul des témoignages de l’entourage de la famille Méchinaud pourraient faire avancer décisivement l’enquête. Les individus en question commencent à prendre de l’âge et ne seront malheureusement probablement pas à disposition éternellement pour répondre aux questions des enquêteurs.

Une personne en particulier semble avoir des choses à dire sur cette famille, d’autant plus qu’il était directement impliqué en tant qu’amant de Pierrette, la mère Méchinaud.

Maurice Blanchard, témoin-clef penchant pour la fuite en Australie

De son nom Maurice Blanchon, l’amant de Pierrette Méchinaud avait soutenu à l’époque que le mari de Pierrette avait eu vent de leur affaire quelques jours auparavant. Il pense que la famille serait éventuellement partie s’exiler en Australie. Le père Méchinaud avait déjà exprimé ce désir, mais sa femme se refusait d’abandonner son village et de partir aussi loin. Elle serait allée voir son amant seulement quelques jours avant sa disparition et lui aurait dit de manière quelque peu cryptique : "Surtout, ne t’inquiètes pas.", sans aucun contexte.

Une autre piste étudiée dans le cadre de l’enquête datant d’il y a 50 ans et qui pourrait bien être réexaminée aujourd’hui est celle du meurtre.

Disparition de la famille Méchinaud : une tuerie familiale doublée d’un suicide ?

La piste du meurtre par vengeance de la part du père de famille a été étudiée, sans succès jusqu’alors. Jacques Méchinaud aurait, par le passé, exprimé son potentiel violent face à l’adultère, mais la disparition sans traces ainsi que les fouilles et recherches poussées ayant eu lieu rendent cette hypothèse peu vraisemblable . En effet, entre 2011 et 2012, un radar subaquatique est réquisitionné pour l’enquête et le lit du fleuve de la Charente et sondé, en long, en large, et en travers.

Des spéléologues entreprennent de passer au peigne fin les cavités environnantes : le bilan est un fiasco total, l’opération Bruneri 47 ne se solde d’aucune nouvelle information. « Bruneri 47 », car les enfants de la famille avaient 4 et 7 ans et que Bruneri est une contraction de leurs deux prénoms. Eric et Bruno auraient aujourd’hui 55 et 58 ans. Peut-être qu’ils se décideront un jour à réapparaître dans leurs terre natale ? Pour cela, il faudrait qu’ils soient pleinement conscients de ce qui leur est arrivé…