Retraite à l’étranger : pourquoi elle peut parfois être un cadeau empoisonnéIllustrationIstock
INTERVIEW. Portugal, Grèce, Italie… Si nombreux sont les retraités à rêver d'ailleurs, les incitations fiscales mises en avant par certains pays peuvent parfois être un piège. L'économiste Philippe Crevel nous explique pourquoi.
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Gare à la double fiscalisation ! Lorsqu’on souhaite s’expatrier une fois à la retraite pour profiter du soleil, d’une vie plus paisible ou simplement pour profiter d’un meilleur pouvoir d’achat, mieux vaut y réfléchir à deux fois. Car si certains pays proposent des avantages fiscaux, il est primordial de bien préparer votre projet, et de vous informer sur les différents aspects de la vie quotidienne et économique. En effet, ce qui paraît être idéal, peut s’avérer, en réalité, être une véritable chimère.

Retraite à l’étranger : gare aux cadeaux fiscaux empoisonnés

"Certains pays ont mis en place des incitations fiscales pour attirer les retraités. Il est possible d’en bénéficier sous certaines conditions au Portugal, en Italie, ou encore en Grèce. En revanche, les gouvernements commencent à les restreindre", rappelle Philippe Crevel, économiste. "Car, ces dispositifs ont entraîné chez eux quelques problèmes, comme la hausse des prix immobiliers avec la présence des retraités. Ils tentent ainsi de limier la période d’exonération d’impôt sur le revenu pour les retraités expatriés" Ces carottes fiscales sont donc souvent limitées dans le temps et peuvent très vite devenir beaucoup moins intéressantes.

La législation plus que complexe, peut d’ailleurs évoluer à tout moment d’un État à l’autre. Selon les conventions passées entre les États, vous pouvez même être redevable de l’impôt en France et au sein de votre pays d’accueil. Les sommes demandées peuvent donc rapidement grimper à plusieurs dizaines de milliers d’euros. Quelles sont alors les précautions qui doivent être prises avant de décider d’une expatriation ?

Retraite à l’étranger : les réflexes à adopter avant de s’expatrier

"Avant de quitter la France pour un autre pays à l’heure de la retraite, différentes précautions doivent être prises. Il y a effectivement les aspects administratifs fiscaux, comme la convention fiscale bilatérale passée entre la France et le pays d’accueil, pour n’être imposé qu’une seule fois", rappelle le directeur du Cercle de l’Épargne. La majorité des pays suivent le modèle de convention de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), rappelle Capital.

"Toutefois, pour ne pas être considéré comme résident français, le principe de base est de passer plus de la moitié du temps dans le pays d’accueil. Sinon, vous serez requalifié comme tel", note l’expert.

"Il faut aussi prêter attention à la taxation dans le pays d’accueil, mais aussi à la Sécurité sociale. Si la carte européenne de la Sécurité sociale vaut pour toute l’Europe, la couverture est totalement différente si vous choisissez de vous installer au Maroc ou au Royaume-Uni. Il est donc primordial de vous renseigner sur les conditions d’accès à la Sécurité sociale du pays sélectionné, qui peut être compliqué. D’autant plus lorsqu’on est retraité, car plus exposé aux problèmes de santé que les actifs. Les soins peuvent donc très vite coûter cher", prévient Philippe Crevel.

Dans quels cas pouvez-vous par ailleurs être rattrapé par le fisc ?

Retraite à l’étranger : "Le fisc peut remonter jusqu’à 10 ans en arrière"

Actifs financiers, logements en location en France… "Si vous avez le centre de vos activités économiques en France, vous pouvez être considéré comme résident français et donc être rattrapé par le fisc. En effet, pour les activités économiques majoritaires non liées aux pensions de retraite, l’administration fiscale peut considérer qu’il y a un abus de pouvoir. Elle peut alors remonter jusqu’à 10 ans en arrière, s’il y a une fraude volontaire", alerte l’économiste.

Et de notifier : "En revanche, dans le cadre d’une rectification d’impôts, elle ne peut réclamer les impôts dus au-delà de 3 ans."