Réforme des retraites : Bruno Le Maire accusé de "corruption active"IllustrationAFP
Alors que les tensions n'en finissent plus entre membres de la majorité et opposition, la présidente du groupe LFI à l'Assemblée nationale, Mathilde Panot, vient de saisir la justice pour témoigner d'une possible “corruption active” de Bruno Le Maire sur la question des retraites. Décryptage.
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Après des semaines de débats, le gouvernement n’a pas souhaité aller jusqu’au vote de la réforme des retraites à l’Assemblée nationale et a privilégié l’arme redoutable de l’article 49-3. Dans un contexte déjà très tendu entre les Français, les syndicats, l’opposition et l’exécutif, les choses ne semblent pas s’engager sur la voie de l’apaisement. Comme nouvelle preuve de cette crise majeure, les récentes accusations d’une députée LR à l’égard de Bruno Le Maire viennent ajouter une nouvelle pierre à l’édifice. En cause ? Une possible “corruption active” du ministre de l’Economie.

Réforme des retraites : des accusations de corruption sur Bruno Le Maire

Ce jeudi 16 mars, la présidente du groupe LFI à l’Assemblée nationale, Mathilde Panot, a choisi de saisir la justice pour interroger des faits dont serait responsable le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire. Trois jours plus tôt, c’est, en effet, un article du Parisien, qui a mis le feu aux poudres en rapportant les déboires d’une députée LR, qui confiait avoir reçu des appels multiples et des pressions concernant la question des retraites. Parmi eux, des coups de fil provenant de son groupe, mais aussi un autre émanant du cabinet du ministre des Relations avec le Parlement, Franck Riester.

C’est ensuite un appel, samedi dernier, du ministre de l'Économie, qui est évoqué afin de lui parler de la réforme des retraites et de tenter de la faire basculer en sa faveur. Comme l’écrit Le Parisien, Bruno Le Maire lui aurait explicitement annoncé que le gouvernement saurait être “attentif” à sa circonscription, avec un sous-entendu majeur autour de moyens accordés à son canton. Afin de vérifier ces faits, Mathilde Panot a écrit un courrier au procureur général François Molins visant à enquêter sur ce potentiel cas de corruption.

Réforme des retraites : une opposition qui s’indigne

À une période où la commission mixte paritaire ne s’était pas encore réunie, cette nouvelle a fait l’effet d’une bombe, qui n’a pas manqué de faire réagir de nombreux membres de l’opposition. Le député de l’Essonne Antoine Léaument a ainsi fustigé, sur son compte Twitter, “une tentative de corruption”.

Mathilde Panot, dans son courrier, a, pour sa part, réclamé une saisie de la Commission des requêtes de la cour de justice de la République afin de vérifier la véracité de ces faits et leur conformité avec la loi. Il convient de rappeler que la loi prévoit dix ans d’emprisonnement et une amende d’un million d’euros pour une personne coupable de tels agissements.

Réforme des retraites : quelles réactions dans la majorité ?

Au sein de la majorité et alors que la colère gronde chez les Français, c’est une crise de plus qui vient s’ajouter à une situation déjà compliquée. À la sortie du conseil des ministres, ce mercredi, Olivier Véran a refusé de s’exprimer sur la question. Il a simplement affirmé que nous étions “dans un cadre strictement normal” qui ne sortait pas “des règles habituelles des relations entre gouvernement et parlementaires”.

De son côté, le ministre de l’Economie dément formellemement ces accusations, tout en confirmant avoir tenté de joindre la députée en question sans toutefois pouvoir s’entretenir avec elle. La députée LR concernée a, quant à elle, souhaité modifier ses propos et voudrait publier “un démenti”, comme le précise Le Parisien. Elle affirme s’être “mal exprimée” et confirme la version de Bruno Le Maire, où elle aurait reçu un appel sans avoir décroché son téléphone.