abacapress
Le procès du marchant d'art Guy Wildenstein, pour une évasion fiscale importante, s'est ouvert lundi. Au centre de l'affaire, trois femmes qui se sont vengées de leur mari en apportant l'affaire devant la justice...

Il est fort à parier que l’affaire Wildenstein sera un jour adaptée au cinéma… Sexe, trahison, argent, tous les ingrédients sont réunis pour faire un bon thriller.

Sylvia Roth, l’une des protagonistes de l’affaire, a d’ailleurs qualifié cette affaire de "Dallas-sur-Seine", en référence à la mythique série américaine. Le procès s’est ouvert lundi, avec à la barre Guy Wildenstein, qui représente la quatrième génération de marchands d’art de cette famille ultra riche qui règne sur le secteur.

A lire aussi - Qui sont les milliardaires les plus riches de la planète ?

Pourquoi ce procès ?

Parce que les héritiers Wildenstein sont accusés d’avoir dissimulé une immense partie de la fortune familiale au fisc français. Comme l’explique Francetv Info, cette fraude présumée a eu lieu lors des successions de Daniel, le père de Guy, et d’Alec, son frère, morts respectivement en 2001 et 2008. La famille est également sous le coup d’un redressement fiscal de 500 millions d’euros. Une somme pharamineuse qui montre à quel niveau s’élève leur fortune, estimée à plusieurs milliards. Trois femmes ont permis par leurs révélations de déclencher les procédures judiciaires.

Jocelyne Wildenstein, la femme au bistouri qui balance

A la fin des années 1990, Jocelyne est la femme d’Alec, et donc la belle-sœur de Guy Wildenstein. A l’époque, elle est une mondaine excentrique qui abuse de la chirurgie esthétique, se faisant surnommée "Catwoman". Elle est tellement méconnaissable que lorsqu’un jour, elle surprend son mari au lit avec une autre femme plus jeune, celui-ci ne la reconnaît pas et menace de lui tirer dessus croyant à un cambriolage… Jocelyne obtient le divorce en 1998 assorti d’une confortable pension, et multiplie les révélations sur les secrets de son ancienne famille richissime. Elle affirme ainsi que les membres de la famille "W" feraient passer ses tableaux de maître au nez et à la barbe des douaniers grâce à leur jet privé et qu'ils auraient commercé des œuvres d’art pillées par les nazis durant la Second Guerre mondiale.

Sylvia, la veuve flouée

Dernière épouse de Daniel, le père de Guy Wildenstein, Sylvia Roth avait épousé son futur mari en 1978. C’est "pour te protéger de mes enfants", lui avait alors expliqué Daniel, selon Le Parisien. Elle fut une épouse discrète, tenue à l’écart des affaires de la famille mais couvée de cadeaux, comme cet îlot des îles Vierges britanniques découvert lors d’une croisière, et acheté rien que pour elle.

"Pour te protéger de mes enfants", cette phrase trouve tout son sens en 2011, lorsque Daniel meurt. Ses fils font alors croire à la veuve que leur père était ruiné, victime d’un redressement fiscal. Sylvia tombe dans le panneau et renonce à tout héritage, se contentant simplement d’une rente annuelle.

Mais la veuve, qui a des doutes, s’aperçoit vite qu’elle a été bernée. Avec son avocate, les deux femmes découvrent que certains biens de la famille ont été sous-évalués, des tableaux de maîtres oubliés, etc. Sylvia Roth s'aperçoit surtout que la propriété légale du mirobolant patrimoine familial est en grande partie dissimulée dans des sociétés-écrans. En 2009, la justice ouvre une enquête, mais la veuve décèdera l’année suivante…

Liouba, la seconde épouse qui vide son sac

Seconde (et très jeune) épouse d’Alec (le frère de Guy Wildenstein), durant les huit dernières années de sa vie, la jeune femme s’est brouillée avec sa belle-famille à la mort de son mari en 2008. La veuve trentenaire s’estimant lésée dans la succession et décide de se venger.

Elle contacte alors Sylvia Roth (la veuve elle aussi lésée) et lui fournit des documents compromettants sur l’une des sociétés-écrans de la famille. En 2011, elle franchit le pas et dépose plainte contre X pour abus de confiance, avec constitution de partie civile. Quelques mois plus tard, le fisc français dépose à son tour deux plaintes successives pour fraude fiscale.

Mais, paradoxalement, les choses empirent pour la jeune femme à partir de ce moment-là. A la mort de son mari, Liouba avait hérité d’un cadeau empoisonné : une dette de 5 millions d’euros. Mais celle-ci n’a pas pu payer cette dette car les millions qu’elle a aussi touchés ont été placés par son mari dans un trust. Or, celui-ci est géré par un avocat suisse, proche de son beau-frère. Guy Wildenstein lui propose cependant un arrangement : afin de s'acquitter de sa dette, il lui fera onze prêts d’un million d’euros environ chacun qu’elle remboursera plus tard, une fois l’argent débloqué.

Mais ce montage financier permet surtout au premier de frauder le fisc et fait de la seconde sa complice, note L'Express. De victime en premier lieu, Liouba est maintenant mise en examen pour complicité de blanchiment aggravé… Devant le tribunal correctionnel de Paris, elle comparaîtra donc sur le banc des prévenus aux côtés de Guy, son beau-frère, et d'Alec Junior, le fils de son défunt mari.

Guy, l’ami de Sarkozy

Guy Wildenstein, le principal protagoniste du procès qui s’est ouvert lundi, est un ami proche de Nicolas Sarkozy depuis de nombreuses années, et un ancien membre de premier cercle des donateurs de feu l’UMP, dont il est même cofondateur. En 2007, il a participé au financement de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy. Et le 5 mars 2009, Guy Wildenstein est décoré de la Légion d’honneur par Nicolas Sarkozy lui-même. A l’époque, le trésorier du parti de droite est Eric Woerth, également ministre du Budget.

Vidéo sur le même thème : Le procès de la dynastie Wildenstein s'ouvre à Paris - 04/01