"J'étais très fatiguée", "J'ai senti le danger bien avant les autres" : les justifications d'Agnès Buzyn devant la commission d'enquêteAFP
Interrogée par les députés dans le cadre de la Commission d'enquête sur la crise sanitaire, Agnès Buzyn a défendu son action politique. Elle estime avoir préparé le pays à l'épidémie qui l'a pourtant frappé de plein fouet.
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"Je quitte le ministère avec le sentiment que j'ai fait la bonne préparation", a déclaré Agnès Buzyn, devant les députés rassemblés pour son audition. L'ancienne ministre de la Santé et des solidarités était récemment questionnée par la Commission d'enquête sur la crise sanitaire, pour pouvoir mettre en exergue les éventuels manquements du gouvernement. D'aucuns l'accusent en effet d'avoir mal géré la pandémie de coronavirus Covid-19 qui frappe, aujourd'hui encore l'Hexagone. Pourtant, la candidate malheureuse à l'hôtel de ville parisien a défendu bec et ongle son bilan, rapporte Le Monde.

Lors de son audition, elle est revenu sur plusieurs points, dont sa démission de l'équipe exécutive à l'aube de l'épidémie. "Je quitte le ministère le 16 février. Il n'y a pas eu de cas nouveaux en France depuis neuf jours", assène-t-elle d'abord, comme pour prouver qu'elle n'avait pas de raison de se retenir. Et elle de rappeler le contexte particulier en raison duquel elle a dû partir : "La République en Marche (LREM) n'a plus de candidat à la mairie de Paris. Moi j'estime que j'ai fait mon travail de préparation du système de santé". C'est uniquement dans ces circonstances qu'elle s'autorise à laisser la main.

"Vous ne pouvez pas dire que je n'ai pas anticipé"

D'une façon générale, Agnès Buzyn insiste : on ne peut pas lui faire un procès sur sa clairvoyance. Elle a vu venir l'épidémie, l'a anticipé et a fait tout ce qui était en son pouvoir pour la prévenir. "Nous n'avons pas cessé d'agir depuis le 10 janvier, date à laquelle nous avons eu la connaissance qu'il s'agissait d'un coronavirus", poursuit Agnès Buzyn, qui "revient à la charge" indique le quotidien du soir : "Vous ne pouvez pas dire que je n'ai pas anticipé et je ne laisserai pas dire que les services n'ont pas anticipé".

"J'étais très fatiguée"

Agnès Buzyn n'a pas seulement évoqué le degré de préparation de la France et de ses services de santé. Elle est aussi revenue en détail sur sa "prise de conscience", qui aurait évoluée à compter du du 22 janvier, "parce que l'Organisation de la santé (OMS) dit qu'il y a une transmission interhumaine". Dès lors, elle demande à être informées du "nombre de lits de réanimation", mais aussi du nombre de respirateurs disponibles, de l'état des stocks en masques, en tests et en matériel… En bref, elle a expliqué son action.

Pourtant, peu de temps après le premier tour des municipales, elle avait accordé une interview ô combien polémique au quotidien national de référence, qui aura jeté le doute sur la politique de l'exécutif en matière de gestion de crise. "Quand j'ai quitté le ministère, je pleurais parce que je savais que la vague du tsunami était devant nous", avait-elle affirmé à l'époque.

"Quand la journaliste m'appelle, je suis intimement persuadée que le second tour ne peut pas se tenir. Je n'ai pas relu ces propos. Ces verbatim ne m'ont été soumis", a-t-elle nuancé, devant les députés. Elle poursuit, indique Le Monde : "J'avais passé une journée épouvantable. J'étais très fatiguée. On m'accusait sur les réseaux sociaux de n'avoir rien vu venir. C'est tout le contraire. Je me suis battu pendant un mois".

Agnès Buzyn ne s'arrête pas là. Elle veut également recontextualiser ses précédentes déclarations : "Ce que j'ai dit au ‘Monde' ce jour-là, c'était ‘arrêtez de dire que je n'ai rien vu'. J'ai tout vu".

Faut-il blâmer Santé publique France ?

"Nous avons tous envie de requestionner" le rôle des agences sanitaires, a insisté l'ancienne ministre de la Santé et des solidarité, qui semble y voir l'un des responsables à la mauvaise gestion de la crise. Elle dit avoir des "interrogations", notamment sur "le contrôle des stocks" de ces dernières années détaille Le Monde.

"Apprendre en 2018 qu'une grande partie des stocks est périmée… ça nécessite de requestionner comment ça a fonctionné", a-t-elle encore asséné.