Déclin, violences... Comment les Français voient la FrancePatricia Huchot-Boissier/ABACAPRESS.COMabacapress
Un sondage de population française sur des sujets aussi divers que le climat, la violence policière ou le racisme donne un éclairage cru des logiques qui sous-tendent la société en 2023. Résumé.
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Quel est l'état général de la société française ? C'est l'objet d'un sondage de l'Insitut Ipsos et son partenaire Sopra Steria appelé "Fractures françaises". L'enquête, de taille, permet de mesurer l’opinion des Français sur l’état de la société, leurs valeurs et leur perception des grandes forces politiques, et c'est édifiant. Inflation, racisme, fractures politiques et réforme des retraites, émeutes et violence policière... Le tableau est sombre.

La France est-elle en déclin ?

Mettons les pieds dans le plat dès le début, puisque le sentiment est de toute façon partagé par le plus grand nombre : 82% considère aujourd'hui que la société française est en déclin. C'est plus que jamais depuis la première élection d'Emmanuel Macron à l'Elysée en 2017. En un an seulement, le sondage a enregistré un bond de 7 points. Attention toutefois, si le pessimisme est global, il n'a rien à envier à celui de 2016 (86%), un an à peine après les attentats qui ont meurtri le pays en 2015. Cependant aujourd'hui 34% des Français interrogés juge que le déclin français est désormais irréversible, ils étaient 14% en 2016. Parmi ces déclinistes, un électeur sur deux de Marine Le Pen. 

Les valeurs d'hier ont la cote

D'ailleurs, les idées conservatrices font leur chemin, près de trois quarts (71%) des Français admettant s'inspirer plus qu'auparavant des valeurs du passé. Le classique "c'était mieux avant" monte lui à 73%. Ces sentiments sont particulièrement forts chez les électeurs Reconquête et RN, et progresse avec l'âge des sondés. A l'inverse, les sondés proches de la majorité politique sont optimistes pour 70% d'entre eux quant à l'avenir de la France.

Vivons-nous dans une société violente ? 

Quid de la violence en France ? Quelques mois après le choc de la réforme des retraites et les émeutes consécutives à la mort de Nahel, la société française est perçue comme violente par plus de 9 Français sur 10. Les partis de droite et d'extrême-droite cavalcadent en tête chez les Français qui trouvent que la violence a beaucoup augmenté cette dernière année. Fait notable : la part des personnes considérant que l'usage de la violence est normal dans certains cas remonte à gauche, mais baisse auprès des sympathisants LREM.

A 43% l'an passé, le pourcentage de sondés qui estiment les policiers font un usage excessif de la violence est désormais de 54% : une hausse qui traduit un certain mécontentement devant la façon dont sont gérées les manifestations ou les interpellations. Le rejet de la police est particulièrement marqué chez les électeurs LFI (66% n'ont pas une images positive de la police). Entre "trop laxiste" et "trop brutale", les bords droite et gauche de l'échiquier politique s'affrontent.

Les Français ont-ils envie d'autorité ?

Les Français semblent s'aligner pour beaucoup sur le besoin de cadre et de respect de l'autorité prôné par le président Emmanuel Macron. 82% estiment que le pays a besoin d'un vrai chef pour remettre de l'ordre, dont 100% des partisans d'Eric Zemmour. Une part grandissante des Français (51%) jugent que la peine de mort doit être rétablies.

Progression de la xénophobie

"On ne se sent plus chez soi comme avant", notent 64% de la population, massivement représentés chez Reconquête (100%) et le RN (82%). Résultat : le racisme est ressenti par huit Français sur 10 en 2023. L'immigration est perçue négativement par 66% de la population, soit un chiffres stable. En revanche un nombre décroissant de Français estiment que les érangers font des efforts pour s'intégrer en France. Par ailleurs, deux tiers de Français estiment qu'on peut se passer de l'immigration pour trouver de la main d'oeuvre. 

Le regard français sur l'urgence climatique 

Nombreux sont les Français qui reconnaissent la réalité du changement climatique, mais moins de 6 sur dix jugent que la faute est humaine. D'ailleurs, 68% de la population estiment que ce n'est pas aux Français de faire des efforts pour l'environnement. En revanche les Français sont globalement prêts à des sacrifices si le gouvernement prend des mesures rapides et énergiques pour le climat.