Etats-Unis : Donald Trump pourrait-il être réélu en 2024 ? IllustrationIstock
Confronté à une longue série de procès, Donald Trump n'en trouve pas moins le temps de faire campagne pour la présidentielle de 2024. Entre accusations de "machinations" et impopularité de Joe Biden, l'ancien président qui n'a jamais lâché les armes veut croire à un retour à la Maison Blanche. Explications.
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Joe Biden au côté des ouvriers de l'industrie automobile sur un piquet de grève Michigan le 26 septembre, Donald Trump au même endroit le lendemain. Le doute n'est plus permis : la campagne électorale en vue de l'élection présidentielle de 2024 aux Etats-Unis a bien commencé, si toutefois elle avait un jour pris fin. Il semble en effet que Donald Trump, qui a toujours contesté sa défaite en 2020, n'a jamais cessé de faire campagne, défendant son bilan et dénonçant des machinations contre lui sans jamais songer à les prouver, ceci en dépit des affaires judiciaires qui lui pèsent comme l'enclume.

Un nouveau match Biden-Trump à venir

Drôle de mandat qu'a vécu Joe Biden, essayant de couvrir la cacophonique verbatim de son prédécesseur. Drôle d'élection que vont vivre les Américains en 2024, qui pourrait ressembler en tout point à celle de 2020, jusqu'aux candidats proposés sur les bulletins. Car les spécialistes et les sondages s'accordent pour dire que Donald Trump et Joe Biden pourraient bien s'affronter de nouveau l'an prochain. Ainsi, Donald Trump, 77 ans, sort grand vainqueur des sondages sur les résultats de la primaire républicaine, terrassant notamment Ron DeSantis, le gouverneur de Floride qui a pourtant fait parler de lui ces derniers mois. Le camp démocrate est quant à lui caractérisé par un manque flagrant de renouvellement des têtes politiques, et Kamala Harris, la discrète vice-présidente, est trop méconnue du grand public pour prétendre au Bureau ovale. Ca sera donc à Joe Biden, 80 ans, de demander aux Américains leur confiance pour un second mandat.

Joe Biden en difficulté

Mais les chiffres ne sont pas engageants, pour le poulain de Barack Obama. Selon une enquête pour le Washington Post et ABC News en septembre, l’actuel chef d’État américain ne reçoit l’approbation globale que de 36% des sondés contre 56% de désapprobation. C’est la politique économique du président démocrate qui est largement rejetée (à 64%), tandis que seulement 30% des sondés l’approuvent. Sur les questions migratoires, une large majorité d’Américains (62%) jugent également négativement le bilan de Joe Biden. Enfin, 74% estiment que Biden est trop âgé pour effectuer un autre mandat. Ce désamour pourrait bien tourner en faveur de Donald Trump, que "seuls" 50% des sondés jugent trop vieux pour la tâche présidentielle, alors que le républicain n'a que 3 ans de moins que son rival démocrate. Toutes raisons confondues, le sondage du Washington Post et ABC News établissent que Donald Trump pourrait bien gagner le match en 2024, avec 10 points d’avance sur Joe Biden en emportant 52% des voix contre 42%. L'enquête est toutefois à prendre avec précaution, de nombreux autres sondages donnant Donald Trump victorieux mais avec des résultats très serrés.

Sur franceinfo début septembre, l'ancien diplomate Gérard Araud a établi son pronostic sur la présidentielle de 2024 aux États-Unis : "Ce sera une campagne électorale totalement ahurissante. On va avoir Donald Trump traîné de procès en procès. De l’autre côté, 70% des Démocrates ne voudraient pas de Biden comme candidat car il est trop vieux. (…) la crise américaine, on la sent", poursuit-il.Vous avez deux Amériques qui s’ignorent, qui se détestent. C'est un climat de guerre civile virtuelle", s’alarme Gérard Araud. Il estime que Donald Trump est "le roi de la communication. Il sent son électorat et parle à son électorat (…) de manière manichéenne".

L'entrave judiciaire ? 

L'ancien président ne semble pas dérangé par les affaires judiciaires et pénales qui l'accablent, et il en a même fait une force. Devant ses fidèles, le candidat déroule une litanie d'accusations, repousse les doigts pointés, enchaîne soupçons de complot et suspens éloquents. Rien de neuf sous le soleil trumpien. Premier d'une longue série, le procès civil de l'ancien président américain et de deux de ses enfants, accusés d'avoir gonflé le patrimoine de la Trump Organization de plusieurs milliards de dollars, pour entre autres obtenir des prêts plus avantageux auprès des banques, de 2011 à 2021, s'est ouvert ce lundi 2 octobre à New-York.

La veille, Donald Trump s'est fendu d'un message sur sa plateforme Truth Social : " Je vais au tribunal demain matin pour me battre pour mon nom et ma réputation". Il qualifie également la procureure générale de New York de "corrompue" et le juge chargé de l’affaire de "déséquilibré". Letitia James, réclame 250 millions de dollars d'amendes et des interdictions de diriger des sociétés pour Donald Trump et plusieurs de ses proches. Mais nulle inéligibilité en vue, de même que pour les quatre dossier pénals dans lesquels Donald Trump est inculpé, et dont le premier sera examiné à compter du 4 mars 2024. Dans cette affaire il est accusé d'avoir tenté d'inverser le résultat de la présidentielle de 2020 remportée par Joe Biden. Il aura ensuite rendez-vous avec la justice de l'Etat de New York pour des fraudes comptables, puis en Floride pour sa gestion négligente de documents confidentiels après son départ de la présidence.

Elu en prison ? 

Si Donald Trump ne risque pas la prison dans l'affaire qui occupe les juges de New-York aujourd'hui , il pourrait y être confronté dans les prochaines décisions. Mais peu importe (ou presque) car le candidat républicain peut aussi bien être élu depuis la prison. "Rien n’empêche Trump de se présenter. Même une condamnation fédérale n’empêche pas cela. (…) Même s’il était mentalement fou, indique à Politico Eugene Mazo, professeur de droit à l’université Seton Hall (New Jersey). La Cour suprême a déclaré que ce qui figure dans la Constitution sont les seules exigences dont vous avez besoin pour vous présenter aux élections fédérales." Dans la Constitution, il est établi que pour devenir président il faut : être né citoyen américain, avoir plus de 35 ans et avoir résidé plus de quatorze ans dans le pays. Les Etats fédérés peuvent imposer des inéligibilités aux condamnés pour les mandats locaux mais pas pour les mandats fédéraux. 

En attendant, les multiples procès de Donald Trump se refroidissent pas ses partisans, bien au contraire : le Républicain capitalise dessus. "Ça alimente le récit de la chasse aux sorcières et de la persécution contre le sauveur de l'Amérique par les vilaines élites", explique Lorric Henneton, maître de conférence à l'université de Versailles-Saint Quentin et spécialiste des États-Unis. Qui arrêtera Donald Trump ?