Attaque du Hamas : voici pourquoi Marine Le Pen pourrait en profiter©Blondet Eliot/ABACAabacapress
Depuis plusieurs jours, la candidate du Rassemblement National a multiplié les messages de soutiens envers Israël, et plus particulièrement la communauté juive française. Pourra-t-elle faire oublier les déclarations extrêmes de son père pour gagner en respectabilité ?
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Il y'a très exactement six jours de cela, le samedi 7 octobre 2023, l'organisation du Hamas franchissait la frontière israélienne. Malgré les nombreuses négociations du passé, les interventions politiques extérieures, rien n'y fait. Les ripostes menées, sous les ordres de Benyamin Netanyahou, donnent l'impression d'une guerre qui ne fait que commencer. Enfants, femmes et civils palestiniens subissent parfois fatalement l'impact de ces nombreuses frappes depuis plusieurs jours sur la bande de Gaza. En France, ce conflit anime les débats des différentes organisations politiques. Certaines semblent même en profiter, à l'image du Rassemblement National et de sa chef de file, Marine Le Pen

Des polémiques qui ''profitent'' à l'extrême droite ? 

Depuis ces attaques massives menées par le Hamas contre l'Etat hébreu, le Rassemblement national a pourtant vite pris une place de choix dans la défense d'Israël. Celle qui dirige le parti dans l'hémicycle en premier lieu. Très loin des polémiques suscitées par les Insoumis, qui ont profondément choqué au sein de la communauté de confession juive. 

"Il est vraiment l'idiot utile du Rassemblement national. Il permet à Bardella & Co de se draper des habits de grands défenseurs de la communauté juive", s'attriste un ministre qui avoue même ne plus savoir choisir entre Mélenchon et Le Pen... Pourtant, dans cette "course" à l'appartenance, le RN semble en avance. Le désormais très médiatisé Jordan Bardella, patron du parti et bras droit de Marine Le Pen et plus si affinités, joue un rôle majeur. Hier, invité sur RMC, il lance : "Le Rassemblement national est, je le crois aujourd'hui pour beaucoup de Français de confession juive, un bouclier contre l'idéologie islamiste". Tout pour faire nettoyer une image pourtant bien terne il y a quelques années...

Le poids du passé

Opération normalisation. C'est l'expédition que mène Marine Le Pen depuis presque 15 ans, à savoir comment conquérir le pouvoir malgré le passé du Front National ? Aux origines lointaines, le FN collaboraient avec des Wafen SS par l'intermédiaire sulfureux de Jean-Marie Le Pen. Et malheureusement pour l'image du parti, l'antisémistisme en est indissociable, notamment ces fameux propos sur les chambres à gaz, jugés comme un "détail" de l'histoire par le créateur du FN. 

Pourtant, depuis son arrivée, cet héritage, Marine Le Pen fait tout pour s'en débarasser. Elle a très vite compris que son père était un frein à son ascension, d'où son exclusion. Puis, vient le changement de nom du parti, accompagné d'un tout autre discours. Elle finira même par rejuger cette phrase terrible : "(la Shoah est) le summum de la barbarie". À l’Assemblée nationale, elle se bat pour que son parti préside le groupe d’étude sur l’antisémitisme, sans succès. À Perpignan, le maire, Louis Aliot, l’ancien compagnon de Marine Le Pen, célèbre Serge Klarsfeld. Avec lui, les fondateurs des Fils et Filles de déportés juifs de France deviennent citoyens d’honneur. Tout est bon pour convaincre les juifs, en France, que le RN a changé.

Un changement dans l'opinion publique ? 

Oui. Il faut dire que depuis un peu plus d'une dizaine d'années, l'opinion à l'égard du parti a considérablement changé. Rien qu'au fil des scrutins présidentiels, le Rassemblement national a glané d'importantes parts de marché : en 2017, il n'y a plus que onze millions de voix d'écart entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen, et seulement cinq millions en 2022. Sans oublier les 89 candidats affiliés qui s'imposent dans leur circonscriptions respectives, lors des élections législatives. Ces chiffres, associés à de nombreux sondages, confirment une normalisation plus rapide que prévue dans l'opinion publique. 

Evidemment, cela ne veut pas dire que l'arrivée de Marine Le Pen au pouvoir est inéluctable, mais cela signifie qu'elle est de moins en moins impossible, et même de plus en plus acceptable pour un nombre croissant constant de Français