Immigration: quels sont les métiers qui contribuent à limiter la pénurie de travail en France ?
Agents de sécurité, aides-soignantes, médecins hospitaliers… Les travailleurs venus d’autres pays sont essentiels pour faire fonctionner de nombreux secteurs. Le monde a enquêté sur ce déni français, loin du fantasme de la submersion démographique agité par l’extrême droite.

Si certains prétendent le contraire, la France est pourtant le pays qui accueille le moins d’immigrés par rapport à ses voisins – leur nombre a progressé de 36 % entre 2000 et 2020, d’après les Nations unies (ONU), contre 75 % en Allemagne, 121 % dans les pays nordiques et 181 % en Europe du Sud, pointe un article du journal Le Monde sur le sujet.

Une série de secteurs ne pourraient pas tourner sans eux

La crise sanitaire a en effet souligné à quel point une série de secteurs ne pourraient pas tourner sans eux. Selon la direction de l’animation, de la recherche, des études et des statistiques (Dares) du ministère du Travail, les immigrés, qui représentent 10,3 % de la population française, pèsent 38,8 % des employés de maison, 28,4 % des agents de gardiennage et de sécurité ou encore 24,1 % des ouvriers non qualifiés du BTP.

Mais les services ne sont pas les seuls à se tourner vers ces travailleurs. "On en parle moins, mais les besoins sont aussi massifs dans l’industrie, qui s’est historiquement construite grâce à la main-d’œuvre étrangère : les Italiens dans la Lorraine de la fin du XIX e siècle, les Polonais dans les années 1930 ou encore les Portugais et Nord-Africains venus entre 1965 et 1975", rappelle Nicolas Dufourcq, directeur général de Bpifrance, la banque publique d’investissement pour Le Monde.

La langue, le besoin de qualification sont autant de barrière  pour accèder à l’emploi, sans parler de l’administratif, aux méandres kafkaïens typiques en France. Mais pour les dépasser, les entreprises souhaitant s’engager dans cette voie, y compris les PME, se font souvent accompagner par des associations ou sociétés spécialisées, pour éviter d'avoir à recourir "au travail illégal".

Vidéo du jour

Voici, ci-après, dans notre diaporama, une liste non exhaustive, des métiers en pénurie de travail que l’immigation contribue à limiter, à travers des témoignages proposés par journal Le Monde dans son enquête sur le sujet  :

Les métiers de l’hôtellerie

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Les métiers de l’hôtellerie

"Il y a une véritable hypocrisie dans l’hôtellerie-restauration, dénonce Nicolas Bergerault, le fondateur de l’Atelier des chefs, une entreprise qui anime des cours de cuisine aux particuliers et des formations aux métiers de services. Beaucoup d’établissements offrent des conditions de travail déplorables et se plaignent de peiner à recruter. La solution n’est pas d’aller chercher des immigrés ou des sans-papiers contraints d’être corvéables à merci, mais d’améliorer ces conditions. "

Les métiers du BTP

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Les métiers du BTP

Il n’en va pas autrement dans la sous-traitance en cascade du BTP, le nettoyage et les plates-formes de livraison, où les témoignages comme celui de Mamadou sont légion. "C’est le fond du problème : ces pratiques s’apparentent à du dumping social organisé", déplore Gérard Ré, membre du collectif immigration de la CGT. La confédération syndicale réclame la régularisation de ces personnes, soulignant également qu’on ne peut pas se contenter de les considérer uniquement comme une force de travail."Sans régularisation, l’Etat valide le fait que des travailleurs n’ont pas les mêmes droits que les autres sur notre sol", ajoute M. Ré au journal Le Monde. Sachant que le nombre total de sans-papiers, en emploi ou non, est estimé de 300 000 à 750 000 personnes, selon les sources.

Les métiers de la restauration

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Les métiers de la restauration

"Parce qu’on ne peut pas se plaindre, des patrons nous paient en retard ou pas du tout, exigent des heures sup au pied levé, refusent les arrêts maladie. J’en ai connu des comme ça, ils en profitent", raconte Mamadou (il n’a pas souhaité donner son nom), 33 ans, cuisinier à Nice, témoigne pour l'enquête du journal Le Monde. Arrivé de Mauritanie en 2015 pour étudier la sociologie, il s’est retrouvé sans titre de séjour après son diplôme, en 2019. "Pourtant, je paie des impôts depuis 2017. J’ai gardé toutes mes fiches d’imposition et j’ai toujours travaillé sous mon nom." Aujourd’hui, il est salarié d’un restaurant dont le patron a accepté de lancer les démarches administratives avec lui, afin qu’il soit régularisé. Mais combien d’autres, avant, ont refusé de l’aider ?

Les métiers de la santé

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Les métiers de la santé

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