"Petite guerre civile" en France : que veut dire Gérald Darmanin ?Reynaud Julien/APS-Medias/ABACAabacapress
Gérald Darmanin a déclaré mardi 28 novembre que la France avait évité une "petite guerre civile" lors de la manifestation violentes de militants d'extrême-droite à Romans-sur-Isère le week-end passé. Retour sur les propos du ministre.
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"La France a évité un scénario de petite guerre civile". Interrogé mardi 28 novembre par France Inter sur la manifestation violente de militants d'extrême-droite le week-end passé à Romans-sur-Isère (Drôme), Gérald Darmanin n'a pas ergoté sur la formule. Le ministre de l'Intérieur a fermement condamné l'irruption d'une centaine d'ultras dans le village, en réaction à la mort du jeune Thomas, poignardé lors du bal de Crépol (Drôme) une semaine plus tôt. 

Une expédition punitive vers le quartier de la Monnaie

La manifestation, illégale, a rassemblé près d'une centaine de militants de l'ultradroite venus de toute la France, samedi 25 novembre. Armés notamment de barres de fer, ils ont scandé des slogans hostiles à l’islam tout en demandant "justice pour Thomas". Selon les autorités locales, ils étaient venus "pour en découdre" avec les jeunes du quartier de la Monnaie, dont seraient issues certaines des personnes impliquées dans la mort du jeune Thomas, à Crépol. Le dimanche, plusieurs ultras étaient à nouveau regroupés près du quartier. En tout, 24 personnes ont été interpellées durant le week-end, en majorité de jeunes hommes. Six personnes ont été condamnées en comparution immédiate à des peines de six à dix mois de prison ferme  pour "participation à un groupement formé en vue de la préparation de violences" ou de "dégradations". Cinq ont également été condamnés pour "violence" sur policier.

Selon Gérald Darmanin, seule l'intervention des forces de l'ordre a permis samedi "d'éviter un scénario à l'irlandaise" (un déferlement de violence imputé à l'extrême-droite a touché Dublin après une attaque au couteau jeudi 23 novembre, Ndlr) et un accaparement de la fonction punitive par les ultras. La mort de Thomas "ne doit pas permettre que quelqu'un d'autre s'érige au nom de l'État pour faire justice (...) Il y a dans l'ultradroite une mobilisation qui veut nous faire basculer dans la guerre civile", a assuré le ministre de l'Intérieur. Avant lui, Olivier Véran a averti lundi lors d'un déplacement à Crépol que "c’est à la justice de rendre justice. Pas aux Français eux-mêmes". Le ministre de l'Intérieur a annoncé son intention de "proposer la fin de divers groupuscules", évoquant "un groupe qui s'appelle la Division Martel, rien que le nom nous fait peur, et deux autres dont je ne peux pas évoquer les noms" pour le moment. 

Un "ensauvagement" dans l'extrême-droite

Le ministre de l'Intérieur a enfoncé le clou sur sa vision de "l’ensauvagement" en France, présent chez "ces milices qui vont faire des ratonnades, attaquer des gens de couleur de peau différente et crier leur nostalgie du IIIe Reich". Depuis 2017, explique-t-il "13 projets attentats violents de l’ultradroite" ont été déjoués : "Ce n’est pas la même proportion par rapport aux projets d’attentats islamistes avec plus de 40 déjoués, mais c’est très important." Il précise également qu’actuellement, "1 300 personnes sont fichées S pour l’ultradroite". En tout en France, près de 3.300 personnes appartiendraient à cette mouvance identitaire, selon un récent rapport parlementaire.

Meurtre de Thomas : un mobile flou

Pour l'instant, 9 suspects ont été mis en examen, notamment pour "meurtre en bande organisé", un chef passible de la perpétuité, dans le cadre de l'enquête pour l'assassinat de Thomas, 16 ans, dans la nuit du samedi 18 au dimanche 19 novembre lors du bal d'hiver de Crépol. La rixe qui lui a coûté la vie aurait débuté pour un "motif futile", avant de dégénérer en coups et coups de couteau à la sortie du bal. "A ce stade, l’élucidation des faits commis à Crépol n’est pas achevée", a précisé le procureur de la République de Valence, Laurent de Caigny. L’enquête ne permet pas pour l'instant d’affirmer que les victimes ont pu être visées en raison de leur appartenance à une "prétendue race, une ethnie, une nation ou une religion déterminée", a précisé le procureur.