Remaniement : qui est Aurélien Rousseau, le ministre de la Santé déjà polémique ?©Paoloni Jeremy/ABACAabacapress
Aurélien Rousseau hérite du ministère de la Santé. Un portefeuille exigeant au regard de la crise qui touche le secteur et les soignants. Il est de surcroît confronté à des craintes de conflits d'intérêts qui impliquent sa femme.
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Moins d’une semaine après l’annonce surprise de sa reprise du portefeuille ministériel, le nouveau ministre de la Santé et de la Prévention Aurélien Rousseau promet déjà de faire davantage parler de lui que son discret prédécesseur François Braun. C’est en filigrane ce que lui demande l’exécutif, dans la promesse d’un nouveau gouvernement purgé de ses éléments de la société civile, et rompu aux us de la politique. “Campez vos postes”, “incarnez vos ministères”, semblent exiger Elisabeth Borne et Emmanuel Macron de concert, quand on a reproché aux prédécesseurs des nouveaux ministres leur effacement et leur apathie. La tâche pourrait pourtant s’avérer ardue pour cet ancien directeur de cabinet d’Elisabeth Borne qui, comme elle, affiche un profil très technocrate. Pour l’instant, le ministre ne se fait remarquer que par la polémique qui le touche. Quelque jours après sa nomination, Aurélien Rousseau est empêtré dans des suspicions de conflits d’intérêts. En cause ? La position de son épouse, Marguerite Cazeneuve, numéro deux de l’Assurance-Maladie. Portrait d'un ministre sur le grill.

Le "terminus des emmerdes"

Rien ne prédestinait l’homme qui a pris ses quartiers rue de Ségur au portefeuille de la Santé. Historien de formation membre du PCF dans ses jeunes années et énarque devenu directeur d’Agence régionale de la Santé (ARS) d’Ile-de-France avant d'atterrir il y a un an au cabinet de la Première ministre, il a d’ailleurs commencé par refuser le poste pour finalement accepter la mission quelques jours à peine avant le remaniement. Il s’apprêtait alors à quitter de son plein gré les couloirs Matignon, ou le “terminus des emmerdes” selon ses propres termes.

Un ministère de la Santé en crise 

Sur ce point, le ministère qu’il reprend en main devrait lui sembler familier. A 47 ans, celui qui a piloté une ARS en pleine pandémie de Covid-19 écope de la gestion d'un système de soin en crise face à une population vieillissante et au manque de soignants qui sinistre l’hôpital public. Une situation que n’a pas changé un Ségur de la Santé en 2021 revalorisant les salaires des personnels hospitaliers, histoire de mettre un pansement sur une jambe coupée. Epine dans le pied ministériel également : les syndicats des médecins libéraux qui réclament à grand renfort de grèves une hausse de la consultation. Dans sa tâche, le ministre pourrait se retrouver bien seul, alors que des rumeurs persistantes font état d'une mésentente entre lui et la Première ministre. A les croire, la nomination d’Aurélien Rousseau est le fruit de l’instance d’Emmanuel Macron, face à une Elisabeth Borne bien décidée à remplacer François Braun. 

Aurélien Rousseau : des craintes de conflits d’intérêts

Et si ce n’était que cela. Mais le ministre de la Santé fraîchement débarqué commence son mandat en affrontant des accusations de “conflits d’intérêts”, liées aux fonctions de son épouse, directrice générale déléguée à l’offre de soins de la Caisse nationale d’assurance maladie (Cnam). Aurélien Rousseau a assuré pour apaiser les critiques qu’il se mettrait en retrait des questions impliquant personnellement Marguerite Cazeneuve. "Il y a peut-être des sujets d'organisation" qui peuvent naître de cette situation, mais "j'ai demandé à la Première ministre [...] un décret de déport sur toutes les situations personnelles de ma femme", a-t-il avancé. C’est d’ailleurs à cette condition que le secrétariat juridique du gouvernement, qui avait été sollicité en amont de sa nomination, a donné un feu vert. En attendant, Aurélien Rousseau a réfuté lundi 24 juillet “tout conflit d’intérêt (...) car nous poursuivons [...] le même intérêt public, qui est celui d'assurer l'accès aux soins de nos concitoyens".  La Haute autorité pour la transparence de la vie publique, qui doit se prononcer sur les mécanismes de déport, examinera le dossier, a-t-il indiqué.