Poisson d’avril : quelle est l’origine de cette expression et coutume insolite ?© OLGA RYAZANTSEVA / ISTOCK Istock
Selon la tradition, la journée du 1er avril est l'occasion idéale pour piéger son entourage avec un poisson d'avril (sous la forme d'une blague plus ou moins réussie). Mais, connaissez-vous vraiment le sens de cette coutume ? Réponse avec deux experts de la langue française.

C’est le jour préféré des farceurs. Selon la tradition, la journée du 1er avril est l’occasion idéale pour faire des blagues à son entourage. Les enfants usent de stratégie pour confectionner et accrocher au scotch un poisson en papier dans votre dos, sans se faire prendre. Les adultes, n’ayant pas perdu leur âme d’enfant, s’amusent à faire des farces à leur collègue de travail ou des amis.

Pour le meilleur (et surtout pour le rire), le poisson d’avril se décline sous toutes les formes et les Français s’en donnent à cœur joie. Certains médiaset hommes politiques n’hésitent pas à tendre des pièges au public (avec plus ou moins de réussite). Mais, connaissez-vous vraiment le sens de cette coutume insolite ?

Poisson d’avril : une expression commune teintée d’humour

Dans Le fin mot de l’histoire, paru le 1er mars 2023 aux Éditions Flammarion, l’auteure Nathalie Gendrot et l’humoriste Guillaume Meurice reviennent sur l’origine de 201 expressions à travers leur livre. Parmi elles, le poisson d’avril est désigné comme "une plaisanterie ou un canular qu’on fait le jour du premier avril". Par exemple : "faire croire que le saumon sous plastique est issu d’une pêche "écoresponsable"", plaisante le duo d’experts.

Pour comprendre la signification du poisson d’avril, il nous faut remonter le temps. L’expression la plus connue du poisson d’avril (sous la forme d’une farce) aurait vu le jour au XVIIème siècle, même si l’origine de la coutume est assez floue. Selon nos deux auteurs, le poisson a une place symbolique dans la mythologie et la religion.

Une origine floue, mais diverses connotations anecdotiques

"Dans l’Antiquité romaine, on fête durant la deuxième quinzaine de mars les fêtes Hilaria (de hilaris, "gaité"), au cours desquelles on s’autorise les propos les plus libres et les farces", apprend-on dans le livre selon Nathalie Gendrot et Guillaume Meurice. La parole est libre et l’on ne se prive pas pour faire de l’humour. Côté religion, "l’époque de la résurrection de la nature (au printemps, NDLR) sera bientôt celle de la résurrection du Christ, le jour de Pâques. Pendant le Carême qui précède cette grande célébration chrétienne, on mange en général du poisson, animal symbolique de Jésus-Christ".

Plus étonnant, le poisson d’avril aurait également une connotation légère, surtout au temps des amours. C’est à la fin du Moyen Âge que cette expression est à prendre au sens figuré sous forme grivoise. "On trouve que c’est surtout le temps des amours illégitimes, puisque c’est à une coquine donzelle qu’on envoie un poisson d’avril ou plutôt "un jeune entremetteur" porte une lettre d’amour à l’amante de son maître", indiquent l’écrivaine et l’humoriste de France Inter.

Autre origine plausible du poisson d’avril : selon le calendrier. Autrefois, on fêtait le nouvel An à la fin du mois de mars, notamment au VIIème siècle. "Au lieu d’échanger des étrennes de début d’année, on se serait mis à faire des farces". Après de nombreux changements sous plusieurs rois, Charles IX va réattribuer la date du 1er janvier au Nouvel an en 1564. Et, comme chaque année, petits et grands farceurs n’ont pas perdu le sens de l’humour pour amuser la galerie !